Un peu d’histoire

Préhistoire

Les hommes s’installèrent à Vauvert dès la Préhistoire. Dans plusieurs sites on a découvert des objets préhistoriques ainsi qu’un squelette datant de la Préhistoire.

Moyen Âge

Porte de Saint Gilles, base de l’actuelle tour de l’horloge

Appelée Posquières au Moyen Âge, la cité connut un grand renom. La cité et son château étaient bâtis sur la colline dite le Castelas. Le site était déjà occupé dans l’Antiquité puisque des vestiges d’une villa romaine y ont été découverts. Les origines du fief de Posquières se situent vraisemblablement au VIe ou au viie siècle. Le premier document écrit fiable qui mentionne l’existence de Rostaing Ier, seigneur de Posquières, date de 1066. L’étymologie du mot Posquières a fait l’objet de controverses chez les historiens de la commune. Une recherche publiée en 1998 dans le Bulletin de la Société d’Histoire de Posquières-Vauvert15 montre qu’une altération phonétique du B et du P permet d’avancer que Posquières dérive du latin et de l’hébreu boscus+ariae (boscariae) c’est-à-dire l’endroit où l’on trouve des bois.

Posquières était une cité où vivait une communauté juive relativement importante. Les juifs s’installent progressivement vers le viiie siècle et leur population s’accroît en 1140 avec l’exil des juifs andalous fuyant les persécutions almohades. En 1165, le voyageur itinérant juif, Benjamin de Tudèle, évaluait cette population à 40 familles, ce qui peut représenter approximativement 200 à 250 habitants. Au xiiie siècle, la communauté a pu compter jusqu’à 400 habitants, soit une estimation d’un tiers de la population du bourg. À Posquières, les juifs vivaient dans le quartier situé sur les versants sud et sud-est de la colline, à l’extérieur des murailles du château. Plusieurs noms de rue attestent de cette présence de la communauté juive de Posquières devenue Vauvert : la rue des Juifs, la rue des Bonnets carrés, notamment. Un fragment d’un des piliers de la synagogue a été trouvé dans la cour de la maison où se trouvait l’édifice religieux. On a trouvé également une sculpture réemployée sur la façade d’une maison. Les Juifs sont chassés en 1306 par Philippe le Bel et migrent vers Tarascon, puis vers le Comtat Venaissin (Avignon) qui était terre du Pape16Rabad de Posquières et son fils Isaac l’Aveugle développèrent dans leur académie rabbinique leurs connaissances et commentaires quant à la kabbale juive.

Située au creux d’un vallon nommé Vallis viridis (c’est-à-dire vallée verdoyante, qui donnera ensuite Vauvert), l’église de Notre-Dame de la Vallée verte était le lieu d’un pèlerinage parmi les plus notables de France, tout juste après celui de Notre-Dame de Boulogne. Les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle s’y arrêtaient. L’église Notre-Dame était alors reconnue dans tout le royaume de France. On y faisait des diableries, sortes de mystères théâtralisés qui faisaient intervenir Satan. En 1254, le sire de Joinville, chroniqueur du roi Louis IX, rapporte qu’un chevalier tombé à la mer fut miraculeusement sauvé par Notre Dame de Vauvert. Le roi se rendit à Vauvert pour remercier la vierge et ordonna la construction d’un hôpital qui se situait entre les rues Carnot, des Juifs et Plegnol. La petite place formée par le carrefour de ces rues s’appelait autrefois place Saint-Louis, en souvenir de la visite du roi. La porte à l’angle de la rue Voltaire et de la rue Carnot appelée « Porte St Louis » est une porte de style Louis XIII, elle ne date donc pas du xiiie siècle, et n’est pas la porte de l’ancienne maladrerie ou hôpital, qui se situait de l’autre côté du carrefour. Des travaux d’embellissement de l’hôpital sont effectués et financés par Jacques Ier d’Aragon, l’architecte est Martin de Lonay. On y construit une église, c’est le même qui est à l’origine de l’abbatiale de Saint Gilles. En juin 1270, Louis IX fait étape à Vauvert avant de partir de nouveau en croisade ; il dort dans la maladrerie quelques mois avant son décès.

Entre 1292 et 1299, Héthoum de Korikos aurait fait un pèlerinage à Notre-Dame de Vauvert, sans qu’on puisse savoir s’il s’agit du Vauvert de Paris ou du Vauvert gardois17. En 1305, Vauvert accueille le pape Clément V, puis Guillaume de Nogaret en 1311. Le roi Charles IV le Bel, après avoir battu les Flamands, oblige 300 d’entre eux à effectuer des pèlerinages. Cent de ces pèlerins sont dirigés vers Saint-Gilles et Vauvert. Impressionnés par les représentations théâtrales données sur le parvis de l’église, appelées « diableries » (mystères qui font intervenir Satan), ils parleront longtemps, à leur retour, du diable de Vauvert, comme d’une chose fantastique mais située très loin : « au diable Vauvert ». Pendant les xive et xve siècle, Vauvert est réputée pour son pèlerinage de la Vierge : l’église est agrandie fréquemment pour accueillir toujours plus de pèlerins. Elle est considérée comme la plus belle du Languedoc.

Dès le xvie siècle, des documents révèlent la ruine du château et la dégradation de l’église. En 1538, Vauvert accueille le roi François Ier et toute sa cour.

Époque moderne

Vauvert est touchée par les guerres de religion au xvie siècle. En septembre 1562, les réformés battent les catholiques dans la plaine de Saint-Gilles et détruisent l’abbatiale de cette ville. À Vauvert, 30 prêtres et fidèles sont massacrés, le cimetière usurpé, tous les édifices religieux sont détruits (2 églises, 10 chapelles, 4 prieurés ruraux), la cure (presbytère) est détruite et remplacée par un immeuble pour loger les pasteurs protestants. Les seuls vestiges clairement identifiés qu’il reste de l’église de Vauvert sont : une tête de gargouille qui a été incluse, comme élément décoratif, dans le mur de la maison à l’angle de la rue Voltaire et de la rue Broussan et une autre sculpture visible au no 50 de la rue des Juifs. Dans le but de restaurer l’autorité royale meurtrie par les conflits religieux, et afin de réconcilier catholiques et protestants, la régente Catherine de Médicis organise le Grand tour de France de Charles IX et sa cour entre 1564 et 1566. Après s’être arrêté à Nîmes pendant deux jours, et après avoir visité le pont du Gard pour y assister à des spectacles de nymphées, le roi fait étape à Vauvert les 14 et 15 décembre 1564. Il y dîne et y dort, et poursuit son périple en se rendant à Aigues-Mortes18. Dans les années 1590-1600, les remparts sont reconstruits et une nouvelle église bâtie mais en 1622 nouvelle destruction de la cité, le château est rasé. Dans les années 1650-1670, Vauvert retrouve peu à peu son église et son presbytère inaugurés en 1689 : c’est l’actuelle église. Lors de la Révocation de l’édit de Nantes, en 1685, par Louis XIV, le temple situé sur l’actuelle place de la Révolution est détruit.

La cité fut violemment marquée comme ce 22 mars 1702 où quatorze camisards sont condamnés aux galères perpétuelles, trois filles fouettées et un jeune homme nommé Petit-Marc, accusé d’être le prédicateur, est pendu devant l’église le 3 juin. L’église est incendiée. On décide de protéger la ville de remparts, dont il ne reste actuellement que la porte de Saint Gilles. En janvier 1703, le comte de Broglie passe par Vauvert. En septembre 1707, Baville fait condamner des protestants à Vauvert19.

Avec la révocation de l’édit de Nantes, les protestants se cachèrent. Ils se réunissaient alors dans les bois des alentours pour célébrer leur culte. Malgré les guerres de religion et la diffusion de la Réforme dans la région, Vauvert reste une étape incontournable du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle tout comme Arles et Saint-Gilles. Nous connaissons tout particulièrement le récit de voyage de Nicolas Albani, pèlerin napolitain qui, en 1743, se rend à St Jacques à partir d’Arles et passe donc à Vauvert, à une période où la peste touche la Provence20.

Commencée en 1812, la construction du grand temple protestant par l’architecte Charles Durand fut achevée en 1816. L’édifice de style néoclassique avec vaste portique à colonnes en forme d’hémicycle contenant près de 2 000 places, fut inauguré par le préfet en 1819. En 1868, une scission divisa la communauté protestante de Vauvert et une partie de ses membres se rattacha à l’église réformée évangélique, professant une théologie plus « orthodoxe ». Celle-ci fit construire un temple, inauguré en 1869, qu’on désigna à Vauvert comme le Petit Temple.

Jusque dans la seconde moitié du xxe siècle, le cimetière resta divisé par un mur séparant les sépultures catholiques et protestantes.

Époque contemporaine

Château de Montcalm (xixe siècle) à Vauvert (Gard).

Le Marquis de Montcalm, célébrité française à Québec, fut baptisé en l’église de cette ville. Vauvert donna son nom, pour une raison encore inconnue, à un lieu-dit sur la commune de Dolbeau-Mistassini au bord du Lac Saint-Jean au Québec.

À la seconde moitié du xixe siècle, Vauvert connaît un fort développement lié à la viticulture. Un patrimoine civil illustre cet apogée économique : construction de l’hôtel-de-ville avec sa riche façade qui évoque l’embellissement du village en 1860, de belles demeures bourgeoises (rue de Saint-Gilles), un ancien cinéma et un ancien théâtre sur la place Montcalm, un parc sur l’actuel emplacement des arènes Jean-Brunel, ou encore les arènes construites par Louis Valentin au pied de la colline du Castellas et inaugurées en juillet 189821. Ce notable vauverdois organisait, dans ses arènes, des concerts lyriques. D’ailleurs, deux statues à l’entrée des arènes rappelaient les deux muses. C’est donc à partir de cette époque que les Vauverdois se passionnèrent pour l’art lyrique dont certains en ont fait carrière : Jean-Lemestin Broussan (baryton et directeur de l’Opéra de Paris[réf. nécessaire]), Jean-François Villaret (ténor de Camille Saint-Saëns), Chantal Bastide, Patrick Ivorra et Valentine Lemercier ayant actuellement une carrière internationale22… Les anciennes arènes Valentin, de forme rectangulaire, accueillaient également un théâtre et le cinéma “Le Lux” jusque dans les années 1970 où il sera incendié. C’est également sous le Second Empire qu’apparaissent les premiers jeux taurins assimilés à ce que nous appellerons la course camarguaise. Ces jeux se pratiquaient sur des “plans” (arènes aménagées de charrettes sur une place) comme celui du Jeu de Ballon. Avec la levée de l’interdiction des courses de taureaux, des manadiers et des éleveurs s’installèrent en Petite-Camargue. Petit à petit, les taureaux portaient des attributs patriotiques.

C’est à cette même époque que Vauvert connaît un schisme parmi la communauté protestante. Après des siècles de luttes, la philosophie des Lumières du xviiie siècle avait exercé une profonde influence sur le protestantisme français. Au début du xixe siècle, se produisit un mouvement religieux puissant appelé le Réveil qui rétablit les fondements essentiels de la foi chrétienne. Les Églises connurent des dissidences. Certains membres conservèrent la tendance dite libérale tandis que d’autres optèrent pour la tendance orthodoxe dite évangélique. En 1867, cette séparation des protestants toucha Vauvert. On aménagea un local situé sur la route de Nîmes et appelé le “Bouaou” pour accueillir la tendance orthodoxe tandis que le “Grand temple” réunissait la tendance libérale. Attirant de plus en plus de fidèles évangéliques, il fut décidé de construire le temple de l’Oratoire dit “Petit Temple”, financé par 19 notables vauverdois et inauguré au printemps 1869. On tenta une réconciliation de la communauté protestante en 1938 mais en vain. Les protestants évangéliques achetèrent un presbytère sur l’ancien emplacement de la Poste23.

À partir de la fin du xixe siècle, la plaine languedocienne devint un espace au solde migratoire important. La viticulture attirait les travailleurs saisonniers venus de Lozère, d’Ardèche, des Cévennes, du Vaucluse et d’Auvergne. D’autres immigrants s’installèrent définitivement dans la région comme les Italiens plus nombreux que les Espagnols jusqu’à la Grande Guerre (1914-1918) dans le Gard (56,6 % des étrangers contre 16,6 % pour les Espagnols)24. Les Espagnols travaillaient plutôt dans l’agriculture tandis que les Italiens se faisaient embaucher dans les métiers liés à la mine, aux carrières, au bâtiment et aux métiers de la pêche24. Étant donné l’importance de la viticulture et de l’élevage de taureaux à Vauvert, sur les Costières et cœur de la Petite-Camargue, on peut émettre l’hypothèse que les Espagnols furent plus nombreux à s’y installer que les Italiens préférant le littoral (Aigues-Mortes pour les salins du Midi et Grau-du-Roi pour la pêche). Dans les années 1960-1970, Vauvert accueille une importante immigration maghrébine, d’anciens harkis et enfants d’immigrés venus travailler dans les champs environnants, puis victimes du chômage et de l’exclusion à partir des années 198025. C’est dans ces mêmes années que sont construits plusieurs bâtiments publics comme l’ancien Collège de Vauvert (actuelle école Jean-Macé) en 1951 puis les nombreux ouvrages remarquables réalisés par l’entreprise vauverdoise Pierre Valette : le foyer communal de Gallician (1958), la piscine municipale (1969), la poste de Vauvert (1971), le centre culturel Robert Gourdon (1979) et l’aménagement des jardins du Castellas. Tous ces projets sont reconnaissables par leur architecture associant béton et pierre du Pont-du-Gard26.

En mai 1999, des émeutes éclatent après la mort de Mounir tué par un habitant du quartier. Des commerces et des véhicules sont incendiés et vandalisés dans tout le centre-ville après de nombreuses années d’échauffourées et de tensions communautaires entre la vieille-ville et sa cité du Bosquet25. La plaine de la Vistrenque, accueillit une immigration Hmong ou Miao, peuple d’Asie originaire des régions montagneuses du sud de la Chine (région de Guizhou), du nord du Viêt Nam et du Laos. S’alliant aux Français pendant la guerre d’Indochine, entre 8000 et 10 000 Hmong du Laos reçurent l’autorisation de s’installer en France. Certains d’entre eux s’établirent à Vauvert.

Au cours du dernier tiers du xxe siècle, Vauvert a connu d’intenses et rapides mutations économiques et sociales. Avec la fin de la monoculture de la vigne, le développement important d’activités industrielles et commerciales, l’urbanisation, l’accroissement rapide de la population, la construction d’équipements sociaux, sportifs et culturels, la commune a changé de visage. Ces mutations et ces innovations qui se sont prolongées dans les deux premières décennies du xxie siècle ont confirmé Vauvert dans son statut de principale ville du sud du département du Gard.

Compétences

Posté le

31 mars 2021

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